mercredi, mai 23, 2007

presse quotidienne, merci PP

Parle à mon...

Il traînait un vieux Figaro
Sur la banquette du métro.
Je m'affalai sans le lorgner
(J'avais déjà lu mon Libé).

Un monsieur monté à Abbesses,
Qui vit le journal sous mes fesses,
Me demanda (vous allez rire) :
— « Êtes-vous en train de le lire ? »

Je me levai, tournai la page, puis,
Je me rassis, et lui répondis : — « Oui. »


Pour reprendre des poèmes de PP, consultez l'esprit d'équipe!

Soumission poétique

Ce titre douteux dissimule une idée qui l'est moins: je souhaiterais mettre en ligne d'autres poèmes que les miens donc à vos plumes! Je me réserve évidemment le droit de refuser certains textes mais surtout d'en accepter d'autres. Merci d'avance à ceux qui répondront à cet appel (et si personne ne répond, je posterai du silence, c'est bien le silence aussi!).

lundi, mai 21, 2007

Remerciement

Pour vos bons mots, six vers déversés à 23h30

Remerciement

Crépusculaire en bout de quai
C’est moi que tu parais attendre.

Tu ne m’apportes aucune fleur rouge
Mais deux yeux lointains et obscurs

Et des mains vides, ouvertes,
Le bel accueil.

dimanche, mai 20, 2007

Un petit dernier pour la route en ce jour de ré-inauguration (tout un concept)

affirmation

Mes mots sont des marteaux sans feutre
Que je presse à contre-temps,
Que j’appuie contre tes tempes,
Des notes de bois massif et lourd
Que je prononce distinctement
Et qui transpercent tes tympans.
Quand je susurre, tu frissonnes,
Mais le plaisir est absent.

Mes mots sont des doigts enfoncés
Dans tes oreilles délicates,
Des mensonges que j’écorche vifs
Pour capter toute ton attention.
Je fais parfois des variations,
Je fais parfois des variations,
Je fais parfois des variations,
Et des répétitions aussi,
Je tourne autour du pot pourri,
« Ring around the Rosie ».

Mes mots sont des filaments,
Des dissonances qui se faufilent
Entre tes grincements de dents,
Une petite musique acide
Qui ronge ta mine déconfite,
Mousse et crépite, salive otite,
Et t’enveloppe, corrosive,
Dans ses crissements déglutis.

toujours Frida

Dans la foulée, un deuxième de la même série inspiré par un auto-portrait (je crois que c'est assez clair...) pour que vous ne vous déplaciez pas virtuellement pour rien!

Autoportrait déformant en offrande

Pour toi j’ai étendu la main, délicate, sur mon sein gauche,
Pour toi et les ténèbres auxquelles je m’adosse,
Auxquelles je m’abandonne, hautaine et écarlate.

Pour toi mes bras menus, pas plus gros qu’un poignet,
Pour toi ma bouche, ma robe charnue, échancrée,
Et cette lame de peau qui transparaît, létale, sur ma poitrine.

Pour toi ce regard noir, plus qu’à l’accoutumée,
Pour toi cette perfection d’ébène sur mes pupilles,
Le mystère figé sous les cils, profond, offert.

Pour toi le calme des traits, la nuit portée,
Pour toi les cernes ébauchés, les ombres du vrai,
La paix unifiée sur le carmin diaphane.

Pour toi ce petit nez et cette petite oreille,
Pour toi du mignon, des dentelles mais aussi,
Pour toi, des lèvres que gonflent une pulpe brûlante,

Et des doigts
Fins,
Des doigts qui déferont demain
Ce portrait de moi accueillante.

What is a "faux-départ"?

Deux ans plus tard donc deuxième post...
Riche de trois commentaires (dont un pour me proposer de la pornographie à moindres frais et l'autre pour m'offrir le diplôme de mon choix), je sévis à nouveau avec la ferme intention de mettre en ligne des poèmes (que je hais et que j'aime bien, en tout cas que j'écris).
J'aurais sûrement dû effacer mon premier post mais comme sa vraie nature finit toujours par transparaître, je le laisse comme une sorte de lettre écarlate (plutôt une broderie écarlate avec marqué neuneu).
Surtout, si jamais vous passez par-là, n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire sur les textes! Et puis visiter mes liens, c'est bien!
J'oubliais, si jamais vous vouliez me faire l'immense joie et l'honneur sans borne de reproduire tout ou partie d'un ou de plusieurs textes, dites-le moi juste... question d'ego et puis surtout d'honnêteté.

On commence avec le premier:

La grâce que tu n’espérais pas


Un ange... Quoi de plus éphémère ?

Celui-là est gros.

Celui-là est vert, et il a tout détruit…

Des traînées d’acide dégoulinent de ses ailes atrophiées et sa chair rougit à vue d’œil. Ce n’est pas la honte qui l’étouffe, c’est le goût de soi, la saveur de sa peau douce sur sa langue béate.

Celui-là est un beau salaud. Il est botté. De ses lourds souliers tombent une terre humide qui durcit dans l’air et s’effrite avant d’atteindre la plénitude d’un champ d’hiver. Cette terre est ton espoir et tes larmes séchées.

Un ange passe, lourdaud, ballaste.
Un poids mort se déplace.

Celui-là est un ange mais c’est toi le murmure, l’immaculée transparence. Dans ses yeux les cieux font y croire. Tu le vois, tu t’y vois, il te voit mais ses regards sont au-delà, à travers. Ton cœur sur sa main, il s’en vient, tournoie, et broie.

L’acide, le sang. Tout est détaché, minutes, moments, tout est lent et l’ange étend son ciel de traîne sur tes demains. Ses ailes couleur d’espoir fondent en fines gouttes qui s’en vont ronger tes environs. Cette brûlure est ta déception.


Ce texte fait partie d'une série de poèmes inspirés par Frida Kahlo et publiés dans l'excellente revue Lieux d'Etre (n°38) dont je ne saurais trop vous conseiller la lecture.