mercredi, juin 25, 2008

finding you

poems ("finding you" and "without") by one third of Enième Echo

translation by MW and the above mentioned third

mardi, juin 24, 2008

jeudi, mai 22, 2008

reprise de nous


#15


Nous observe le liquide jaunâtre dans la bouteille. Il la secoue un peu, les vaguelettes s’en vont buter contre les parois. Il la secoue plus fort, le pouce sur le goulot. Le liquide mousse, rampe le long des murs de verre, lèche le doigt qui réprime. Tempête dans un crâne. Nous ne parlera pas.


#16


Assis sur un siège rembourré de couleur vert foncé, nous est seul dans le salon télé. Il se gratte la tête dans les spasmes de lumière bleutée, épileptique. Plus les flashs se rapprochent, plus nous se gratte la tête. Changer de chaîne devient urgent. Au lieu de saisir la télécommande graisseuse—menu du jour à la cantine : salade ou rillettes, truffade ou purée, frites ou brocolis, fromage ou fruits ou charlotte ou mousse, café, clope(s), soleils bleus et roses—nous empoigne la table basse sur laquelle sont disposés des magazines avariés (Glossaire de ta semaine TV, Marie-Antoinette, Un homme c’est ça, Une femme c’est ça, Nous Deux, Tous pareils, Toutou mag…) et la lance dans l’écran bouche bée.
Nous se gratte la tête dans l’obscurité.


pour changer

Le fruit de la collaboration des membres du collectif Enième Echo dont j'ai le grand plaisir de faire partie. Notre page youtube est ici: http://fr.youtube.com/user/EniEmEcho

dimanche, septembre 16, 2007

rentrée de nous

PAS D'IMAGE MAIS UNE CITATION DE FRANK O HARA QUI VAUT TOUS LES PIXELS:

"It is easy to be beautiful, it is difficult to appear so."

# 13

Chaque fois que nous pose une question, on lui répond : « non, c’est pas grave ».
Mais quand nous dit : « non, c’est pas grave », on ne le croit pas.
Alors nous fume.

# 14

A l’étage de nous, il y a la dame en rose et ses sabots blancs, poinçonnés de toutes parts. Nous respire calmement quand elle vient dans sa chambre. Il relâche ses traits, pose ses mains sur ses cuisses, laisse ses pieds somnoler.
La dame en rose est ronde. Son corps est rond, ses joues sont rondes, ses yeux sont ronds, sa voix est ronde. La dame en rose est douce. Sa présence est comme une invitation. Même lorsqu’elle ne dit rien et remue lentement la tête, nous sait qu’elle lui chuchote : « Mes bras sont un asile ». Le soir, nous s’endort en imaginant que l’oreiller est aussi moelleux que l’épaule de la dame en rose.
De tout le blockhaus, elle est la seule à ne pas craindre le silence. Elle remplit l’espace comme personne : des fossettes qui se creusent, des pommettes qui rondissent, une main doucement posée sur un avant-bras qui frissonne… Même quand elle parle, elle écoute. Ses questions sont toujours ouvertes, toujours faciles. Jamais elles ne font mal.
A nous elle rappelle une absence.

lundi, août 13, 2007

montée de nous



#11

La nuit venue, nous avale son cachet jaune et se glisse dans son lit dur, dans ses draps froids et rigides, comme des alèses. Nous tourne, se retourne, se contourne dans les étoles de plastique qui luisent dans l’obscurité. Allongé sur cette lune, le corps de nous est inerte.
Les rêves de nous sont roses et bleus.
Rien ne les traverse.
Rien ne les transperce.
Pas une odeur, pas une saveur, pas un toucher.
Rien qui respire le vrai.
Les rêves de nous ne le bernent pas, ne le bercent pas. Personne ne berce nous, sauf ces bras roses et bleus et cette lueur jaune qui l’empêchent de dormir.
Les matins de nous sont pareils à ses nuits.

#12

Certaines heures où il fait très froid, nous va dans la salle de bain vide pour y faire de longs discours, y prononcer de longues diatribes. Nous est un orateur antique, mais son seul public réceptif, c’est nous.
Le discours de nous est d’une autre cohérence…
Un filet de paroles coule de la bouche de nous et glisse sur le carrelage, sur les parois pistache, sur les colonnes d’émail. Les sons liquides emportent le peigne gras, le dentifrice mal rebouché, la poubelle qui déborde, le gel douche qui bave sa transparence, les étoiles blanches sur la glace, les voies lactées sur la glace, l’homme de l’espace dans la glace…
L’eau des paroles, grossie d’ustensiles hygiéniques, devient fleuve en cru, marée haute. Le courant est trop fort pour la gorge de nous étirée à l’extrême. Les mots irritent les amygdales, les mots font physiquement mal.
Inondation dans une salle de bain abreuvée. Zone de tourment où flottent bouteilles à la mer, radeaux hérissés de poils verts, trousses de secours maquillées, poissons-lames aiguisés…
Même dans les autres pièces, nous n’est jamais au sec.

dimanche, juillet 29, 2007

# 9 # 10


#9

Nous sent parfois un drôle de pression sur le bras. C’est mou et chaud. C’est rose et doux. Ca coule dans la peau comme une bouillotte percée qui suinte sur l’épiderme. Ca part de soi-même, et ça revient quand nous respire par à-coups. Ca revient humide et glissant, à rebrousse-poil.
Ca revient quand nous est dans la pièce que lui seul connaît. Assis sur une chaise sans barreau, nous courbe l’échine dans l’obscurité. Il lutte contre un frisson, une paralysie ; mais le plafond bas écrase sa mutinerie. La pièce est profondeur.
Puis une tiède pression sur le bras… Un gant de toilette mouillé autour d’une pulsation sanguine, humaine. Et la chaleur repousse les murs, terrasse l’ombre, la tétanie. Et nous s’éveille comme dans une chambre après un cauchemar de sommeil, caressé par les doigts du jour.

#10

Nous a un endroit préféré. Il s’y rend durant la promenade de 16h30. Derrière le blockhaus grisâtre, il y une haie. Beaucoup voient dans cet amas de vert tressé une muraille, la mort d’un chemin. Mais nous connaît la faille, la maille lâche dans la muraille. La haie l’engloutit. Des brindilles griffent son visage, écorchent la laine de son gilet marron. Tant qu’il ferme les yeux, nous ne craint rien.
Lorsqu’il les rouvre, nous est nez à nez avec une joue vert-de-grisée, une mâchoire dorée, un visage écaillé. Une tête d’ange, fondue dans l’acier d’une grille que personne ne repeint. Le miroir de nous.

lundi, juillet 23, 2007

pieds et poings

De nouveaux liens ont été ajoutés. Vous savez quoi faire! :~)